Pommes de terre L’UNPT se penche sur l’avenir de la filière
Pour son 14e congrès, l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) a débattu de la faisabilité d’une pomme de terre écologique et compétitive. Elle a également présenté une prospective sur les échanges mondiaux à l’horizon de 2025.
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Lors de son congrès, le mardi 24 janvier 2017 à Paris, l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) a présenté les résultats d’une étude prospective à l’horizon de 2025 réalisée avec FranceAgriMer. « Depuis 2010, nous observons une accélération plus rapide de l’offre que de la demande », explique Geoffroy d’Evry, son vice-président. Face à cette tendance haussière de la production, qui s’est accélérée ces dernières années, et des exportations qui se sont stabilisées, le but est de trouver de nouveaux débouchés à l’horizon de 2025.
La consommation mondiale grimpe de 20 %
Selon le scénario principal envisagé dans cette étude, la consommation de pommes de terre au niveau mondial devrait augmenter de 20 % d’ici à 2025. Cela s’expliquerait par une forte croissance de la consommation dans les pays émergents et en développement, notamment en Asie, en particulier dans le secteur de la pomme de terre transformée. L’étude projette que les pays de l’Amérique centrale, de l’Asie du Sud-Est et du Moyen-Orient seraient déficitaires, au profit de l’Union européenne, l’Amérique du Nord, l’Inde et l’Égypte.
Pour la France, cette situation permettrait de doubler les exportations et de réduire le déficit en pommes de terre transformées. Les estimations de l’étude prévoient une production en 2025 de 6,3 millions de tonnes, soit 1,1 million de plus que sur la période allant de 2011 à 2013. Une augmentation des surfaces de 10 000 à 15 000 hectares est à prévoir.
« En 2016, nous ne sommes pas passés loin de la catastrophe ! », déclare Arnaud Delacour, le président de l’UNPT, en référence à l’augmentation des surfaces de pommes de terre, qui laissaient présager une augmentation de la production et donc un déséquilibre du marché. Les événements climatiques ont « heureusement » équilibré l’offre et la demande. Le message aux producteurs est clair : cette année, ne plantez qu’en ayant des débouchés connus.
L’écologie au cœur des débats
Le 14e congrès de l’UNPT avait pour thème « une pomme de terre écologiquement compétitive, oui… Mais à quel prix ? » Plusieurs invités ont participé à une table ronde, parmi lesquels Claudine Joly, agricultrice et membre de France Nature Environnement (FNE). Elle a fait part des inquiétudes de la société civile face aux produits phytosanitaires et aux OGM. Elle a aussi mis en garde contre la « radicalisation » d’une partie de ses membres face à ces sujets. « Nous sommes conscients que demander le passage au zéro phyto du jour au lendemain est impossible, explique-t-elle. Notre action est d’accompagner les agriculteurs à changer leurs pratiques. »
Claudine Joly a également pointé du doigt l’échec du plan Ecophyto, qui n’a pas permis de réduire l’usage des phytos. « Même en production bio, nous sommes toujours dépendants de produits toxiques comme le cuivre pour lutter contre le mildiou », regrette Mathieu Lancry, producteur bio de pommes de terre et également invité à la table-ronde. Et d’appeler à un investissement fort de la recherche sur cette question.
Jean Paul Bordes, chef du département des recherches et du développement chez Arvalis, a rappelé les pratiques concrètes mises en œuvre dans le secteur de la pomme de terre : sélection de variétés tolérantes au mildiou, mise en place de l’outil d’aide à la décision Mileos sur 70 000 hectares, essais au champ de produits de biocontrôle…
Communiquer auprès des consommateurs
« Le problème est que certaines variétés tolérantes au mildiou ne répondent pas aux attentes du marché en matière de goût, aspect ou conservation », poursuit Alain Dequeker, le secrétaire général de l’UNPT et producteur de pommes de terre. Les intervenants ont tous relevé un manque de communication auprès des consommateurs, notamment en matière de protection intégrée qui manque toujours de label. « Pour que les pratiques changent, il faut que tout le monde s’engage : producteurs, distributeurs, consommateurs », appuie Alain Dequeker.
En conclusion, Arnaud Delacour déclare : « Pour l’UNPT, cette évolution, cette révolution, est inéluctable. Nous devons produire mieux et de manière plus écologique, mais aussi produire plus si le marché le demande. Pour cela, nous devons nous affranchir de nos postures dogmatiques et profiter, comme nos compétiteurs mondiaux, des immenses progrès que les biotechnologies ou le numérique peuvent apporter à notre société. »
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